Littérature et design.
Visualités et visualisations du texte en régime numérique
dir., Dijon, Les presses du réel, coll. « Figures », 2024, 316 p.
Les œuvres nativement numériques comme les nouvelles méthodes de recherche computationnelle sur les textes invitent à réfléchir aux enjeux du design dans la création littéraire ainsi qu’aux apports possibles de la pensée du design à la théorie littéraire. Du côté de la création en ligne – sites d’écrivains ou d’artistes « écrivant », plateformes d’écriture, écritures collectives sur réseaux sociaux, écritures SMS, poésie Instagram –, la plasticité potentiellement illimitée du texte à l’écran, les choix visuels des auteurs comme les contraintes de gabarit imposées par les interfaces et les « architextes » (Emmanuel Souchier et Yves Jeanneret) conditionnent aussi bien la production que la réception du texte. Du côté de la critique computationnelle – distant reading (Franco Moretti), text mining –, les choix de visualisation (dataviz) des informations procurées par les traitements automatiques conditionnent l’interprétation des résultats tout autant, en amont, que les questionnements eux-mêmes. La réflexion sur les relations entre design et littérature permet d’importer dans les études littéraires, au moment du « tournant design » des humanités numériques (Johanna Drucker, Anthony Masure, Christophe Vial), des concepts et des problématiques venues de la philosophie du design (Vilém Flusser, Pierre Damien Huyghe), des sciences de l’information et de la communication (Serge Bouchardon, Alexandra Saemmer), de la théorie de l’éditorialisation (Marcello Vitali-Rosati), des software studies (études critiques des logiciels : Matthew Fuller, N. Katherine Hayles, Lev Manovich) et des sciences de l’art (Jean-Paul Fourmentraux). Elle offre aussi la possibilité d’un nouveau regard sur la dimension visuelle de la littérature imprimée.
Moderne / contemporain.
Art et littérature des années 1960 à nos jours
Dijon, Les presses du réel, coll. « Figures », 2019, 410 p.
Si l’art « contemporain » est aujourd’hui assez nettement distingué de l’art moderne – parce que le modernisme greenbergien s’est trouvé contesté dès la fin des années 1950 –, l’opposition du contemporain et du moderne en littérature va beaucoup moins de soi. Dans le discours critique, les deux termes entretiennent des relations ambivalentes, à la fois problématiques et peu problématisées, signe que l’imaginaire de la littérature reste aujourd’hui largement moderniste, attaché à la spécificité du médium textuel comme à une définition essentialisée du littéraire héritée du romantisme et de l’idéalisme philosophique (Platon, Kant, Hegel, Heidegger), là où l’art contemporain, sous le regard de la théorie analytique, a pris acte de sa « dé-définition » (Harold Rosenberg). Une littérature « contemporaine » au sens que l’adjectif prend en art existe pourtant, aussi ancienne que l’art contemporain lui-même. C’est une littérature ayant renoncé à l’absolu du Livre et au primat de l’écriture, une littérature intermédiale, numérique, exposée ou performée, in praesentia et potentiellement collective. Mais elle reste confidentielle dans le champ littéraire, là où l’art contemporain attire un public élargi. Pourquoi cette disparité ? Un retour sur l’art et la littérature des six dernières décennies permet ici d’observer les interférences et les cloisonnements d’un domaine à l’autre, les parallélismes et les décalages de leurs temporalités respectives, aussi bien que les ambiguïtés du transfert récent des notions de minimalisme, de littéralité et de conceptualisme du vocabulaire de l’art à celui de la critique littéraire.
La Tentation littéraire de l’art contemporain
dir., Dijon, Les presses du réel, 2017, coll. « Figures », 326 p.
Les interférences contemporaines de l’art et de la littérature s’observent dans ce que la critique récente appréhende sous les termes de littérature hors du livre, de littérature d’exposition ou encore de littérature plasticienne. La tradition séparatiste de la peinture et de la poésie, qui a culminé avec le purisme visuel du modernisme tardif, a fait place depuis les années 1960 – avec Fluxus et l’intermédia, le tournant linguistique puis narratif de l’art – à une situation nouvelle d’indistinction relative, dans laquelle artistes écrivant ou écrivains s’appro-prient le langage dans tous ses états. Spécialistes de littérature contemporaine, historiens et critiques d’art croisent ici leurs regards sur les évolutions récentes des interférences entre art et littérature et montrent comment la tentation littéraire de l’art renouvelle aujourd’hui les formes et les enjeux du discours, du récit et de la fiction, aussi bien que le fait littéraire lui-même.
Cahiers Claude Simon, n° 16, Guerres et Batailles
dir. en coll. avec Cécile YAPAUDJIAN-LABAT,
Rennes, PUR, 2021, 271 p.
Le premier dossier de ce numéro porte sur La Bataille de Pharsale. Le roman de 1969, souvent présenté comme le premier de la période dite « formaliste » de Simon, passe aussi pour son roman le plus complexe. L’inépuisable réseau d’échos et de correspondances de tous ordres perceptibles à la lecture a d’emblée constitué un fascinant défi lancé à la critique. Cinquante ans après sa parution et à la lumière des études antérieures, il fallait relire La Bataille de Pharsale au prisme des problématiques actuelles.
Omniprésente dans La Bataille de Pharsale comme à l’échelle de l’œuvre simonienne tout entière, la guerre elle fait l’objet du second dossier de ce numéro. La guerre chez Simon est à la fois expérience vécue, mémoire transmise, savoir livresque, référent iconographique – et métaphore toujours possible du conflit intérieur ou de la relation érotique. Il fallait revenir aux guerres de Simon à la lumière des apports récents de l’historiographie sur le sujet et sans négliger combien le contexte actuel infléchit le sens du mot pour le lecteur d’aujourd’hui. L’œuvre de Simon est aussi à relire en regard du roman de ces vingt dernières années qui, fictionnel ou non, parie de plus en plus sur l’enquête et l’écoute des vaincus, porté par un souci de réparation et de justice.
Cahiers Claude Simon, n° 17, Figures de l'écrivain
dir. en coll. avec Cécile YAPAUDJIAN-LABAT,
Rennes, PUR, 2022, 319 p.
Comment Claude Simon se représente lui-même dans ses œuvres, ses déclarations, ses apparitions publiques, les photographies prises de lui ou les documents personnels qu’il confie à la presse ou à la critique ? Plurielles et changeantes, ces figures, postures et mises en scène de soi interfèrent avec sa production littéraire aussi bien qu’avec la réception de celle-ci.
Cahiers Claude Simon, n° 18, Relations étrangères
dir. en coll. avec Cécile YAPAUDJIAN-LABAT,
Rennes, PUR, 2023, 294 p.
Claude Simon a connu bien des expériences hors des frontières nationales. Né à Madagascar, il fait adolescent deux séjours linguistiques à Oxford et à Cambridge. En 1936, il se rend à Barcelone pendant la révolution. En 1937, un vaste périple européen le conduit jusqu’en URSS. En 1940, il combat en Belgique, puis est prisonnier en Allemagne. Devenu écrivain, il est régulièrement invité en Europe et ailleurs – États-Unis, Amérique du Sud, Égypte, Inde, Japon. Ces nombreuses expériences se retrouvent dans son oeuvre. L’étranger, dans sa fascinante altérité, stimule l’acuité de l’écrivain et son sens de la caricature. Il suscite aussi de sa part des prises de positions. Occasion de réévaluer les dimensions géopolitiques de l’oeuvre, ce volume envisage plus largement toutes les formes de « relations étrangères » qui travaillent l’écriture simonienne.
Cahiers Claude Simon, n° 19, Relire “Triptyque” et “Leçon de choses”
dir. en coll. avec Cécile YAPAUDJIAN-LABAT,
Rennes, PUR, 2024, à paraître.
A venir.
Claude Simon : situations
dir. en coll. avec Paul DIRKX,
Lyon, éditions de l’ENS, 2011, coll. « Signes », 202 p.
Qu’une œuvre transpose ou transforme les données empiriques, qu’elle les déplace ou les occulte, qu’elle les excède ou les transfigure, elle vaut d’être étudiée en relation avec ses conditions concrètes de possibilité. Les romans de Claude Simon sont abordés ici à la lumière de l’histoire littéraire, de l’histoire culturelle et de la sociologie de la littérature. Les choix d’écriture ou les ajustements spontanés de l’écrivain font sens par rapport au système des contraintes et des motivations où ils s’opèrent, en l’occurrence l’ensemble des possibles esthétiques et éthiques du contexte littéraire, artistique, intellectuel et politique de la seconde moitié du XXe siècle.
L’Effet d’image. Essai sur Claude Simon
Paris, L’Harmattan, 1997,
240 p.
Claude Simon cite volontiers cette phrase de Conrad : « Le but que je m’efforce d’atteindre est, avec le seul pouvoir des mots écrits, de vous faire entendre, de vous faire sentir, et avant tout, de vous faire voir. » Pourtant, il n’en récuse pas moins le trompe-l’œil, relève sans cesse l’inaptitude mimétique du langage et dénonce les leurres de la représentation. D’où la question : comment une écriture aussi peu illusionniste peut-elle promouvoir un si extraordinaire effet de perception sensible ?
« L’effet d’image », ou comment le texte donne à voir sans toujours permettre de reconnaître, produisant un effet à la fois d’évidence et d’énigmaticité. L’essai montre que les descriptions de Simon sont évidentes parce qu’elles sont énigmatiques.
Les trois premiers chapitres de l’ouvrage (« Avatars du trompe-l’œil », « Pourquoi l’image fait image », « Comparaison, modalisation, métaphore ») s’appuient en particulier sur la notion freudienne d’inquiétante étrangeté (Unheimliche), la philosophie de la perception de Bergson, la notion d’art comme défamiliarisation introduite par les formalistes russes, la Phénoménologie de la perception de Merleau-Ponty, ainsi que sur une approche stylistique du corpus. Comparaisons et métaphores sont ici des ressorts essentiels. Mais si l’image, comme fait de style, permet d’évoquer le monde, ce qui « fait mieux voir » est aussi ce qui emmène ailleurs : vers l’imaginaire.
Lecture de “L’Acacia” de Claude Simon.
L’imaginaire biographique
Paris, Minard, coll. « Archives des lettres modernes », 1996, 140 p.
réimpression, Paris, Classiques Garnier, 2022
L’Acacia (1985) confirme une évolution de l’œuvre simonienne qui voit la réduction progressive des éléments fictionnels au profit de la matière autobiographique. Cette évolution est rendue possible par l’invention d’un imaginaire spécifique, retravaillé d’un roman à l’autre sous la forme de réseaux de correspondances métaphoriques. Le système des images mis en place dans le roman de 1985 permet, pour la première fois chez l’écrivain, l’évocation esthétiquement unifiée, sans torsion fictionnelle, des éléments disparates voire contradictoires – sinon insensés et impensables –, de son expérience vécue et de la biographie familiale. Cette organisation repose sur la concurrence entre, d’une part, un ensemble de représentations intertextuelles au sens large, attachées à la Première Guerre et au monde parental, et d’autre part un ensemble de représentations archaïques plus directement liées à l’expérience guerrière du fils.
Index du vocabulaire des oeuvres de Claude Simon.
Du “Tricheur” au “Tramway”, 2019, 490 p.
Cet index du vocabulaire de Claude Simon remplace celui réalisé en 1993 au sein de l’équipe Hubert de Phalèse (Paris 3 Sorbonne nouvelle) à partir des textes numérisés par Patrick Rebollar et moi-même*. Il intègre les œuvres de Claude Simon publiées depuis, en particulier Le Jardin des Plantes (1997) et Le Tramway (2001), numérisées par Christine Genin. Comme l’index initial, il a été produit à l’aide de la version 4.30 du logiciel WordCruncher développée par Electronic Text Corporation à la Brigham Young University.
Dictionnaire de la littérature française et francophone
dir., Paris, Larousse, 2012, 592 p.
12 chapitres sur l’histoire des littératures de langue française depuis le Moyen Âge ; 350 articles consacrés aux écrivains ; bibliographies critiques. Conception de l’ensemble de l’ouvrage. Direction d’une équipe de sept spécialistes.
Dictionnaire mondial des littératures
dir. en coll. avec Karen HADDAD-WOTLING,
Paris, Larousse, 2002, 1018 p. ;
rééd. en 2012 sous le titre Dictionnaire mondial de la littérature.
7000 notices (auteurs, mouvements, genres) et dossiers (périodes littéraires, pays et ères culturelles) ; bibliographies critiques. Conception de l’ensemble du dictionnaire et prise en charge des littératures françaises, francophones et antiques (soit la moitié de l’ouvrage) ; direction d’une équipe d’une cinquantaine de spécialistes. Rédaction d’une trentaine de notices portant sur des auteurs contemporains.
Maupassant. “Le Horla” et autres contes
Paris, Nathan, coll. « Balises », 1994, 128 p.
Conformément aux usages de la collection, destinée aux lycéens et aux étudiants de licence, l’ouvrage propose, entre autres, une présentation générale de l’auteur et du texte, un résumé et un commentaire composé de chaque conte, et une synthèse littéraire portant sur le fantastique de Maupassant, son style, les techniques narratives, la question de l’écriture et de la folie.