La photographie descriptive inscrit traditionnellement son
objet dans le temps : archivage d’un monde ancien voué
à la disparition, ferveur moderniste face à la
nouveauté ou cons-cience mélancolique d’une
obsolescence programmée.
Il n’est pas sûr que cet effet d’archéologisation
fonctionne avec les locaux professionnels représentés
ici, emblématiques des zones industrielles ou
zones d’activités qui se multiplient à
la périphérie des villes et des villages. Les
bardages de tôle gaufrée, découpés au laser, anodisés
ou teintés dans la masse, les strictes parallèles
et le tendu impeccable des surfaces produisent, saisis par le
capteur numérique, une impression d’irréalité
qui semble les soustraire au devenir.
La photographie de ces bâtiments vite construits et rapidement
démontables ressemble à l’image de synthèse
qui a permis leur prévisualisation au client. Elle ramène
en boucle à l’avant de leur construction.
Cette boucle autour d’une nouveauté sans horizon
évoque l’utopie d’une négation du
temps, le ressassement d’un pur présent perpétuel
: le régime d’historicité de l’économie
d’aujourd’hui ?
2005
21 photographies couleur
tirages encres pigmentaires, 60 x 75 cm